La série Dragon Ball a fait date dans les annales, notamment parce que cette série a décuplé tout d’un coup l’imagination de millions de personnes en même temps dans les années 1980.
Avant Dragon Ball, certes des séries japonaises avaient déjà montré des MECHA (robots à la Goldorak), et certes d’autres animés avaient également montré le potentiel sentimental des dessins (Candy, Heidi).
Mais Dragon Ball, tout le monde en a été conscient, ne jouait pas sur le même tableau : le feuilleton se permettait de créer carrément un nouvel univers, une Terre alternative dans laquelle les extra-terrestres avaient des allures humanoïdes et pouvaient accroître leur force en changeant d’apparence pour combattre les dieux.
Même Albator, pourtant véritable série culte, se contentait de prolonger le cours réel de notre Terre en inventant son futur dans l’espace.
Avec Dragon Ball on ne prédit pas le futur : on crée des règles alternatives en laissant place à la pure imagination.
- Une liste d’anime mecha ici : https://telcz.com/wp-content/uploads/2017/09/anime-mecha.jpg
- Candy : sortie l’année de ma naissance 1976 / Site de Toei Animation
- Heidi : j’avais -2 ans / Site francophone du studio Ghibli
- Site officiel japonais du génie Leiji Mastumoto (créateur d’Albator)
DES QUALITES INDENIABLES DES LE DEPART
Akira Toriyama a montré des qualités indéniables dès le départ :
- Un sens de l’humour omniprésent
- Une accessibilité aux enfants
- Un côté pervers assumé, parfois douteux (je pense à la tendance assumée de Bulma enfant à se dénuder)
En Occident, nous sommes à cette époque (1986) peu habitués à voir sur nos petits écrans :
- des extra-terrestres intelligents qui n’ont rien à voir avec des êtres verts insectoïdes
- des dieux humanoïdes accessibles aux humains
- Une vie terrestre non limitée à la planète Terre
L’intelligence d’Akira Toriyama (un excellent Tumblr à son sujet) a été de donner ces pouvoirs inhabituels à un petit enfant de 9 ans très innocent et très naïf, inconscient de ses pouvoirs mais toujours enjoué et prêt à aider son prochain.
Le côté pervers des premiers épisodes Dragon Ball
Ici Bulma matte Son Goku / on aurait pu montrer aussi Olong le cochon qui se transforme pour enlever des filles :
LE RESULTAT DANS L’IMAGINAIRE DES ENFANTS dès 1986
- On s’aperçut alors que tout était possible dans l’imaginaire collectif.
- On s’est mis à rêver d’une Terre dont la nature a été préservée, toujours verte et boisée, dotée encore de dinosaures et de créatures hostiles.
- On s’est mis à traverser la frontière de la mort, imaginant un au-delà accessible et moins intimidant.
Dite comme ça, cette « révolution » ne paye pas de mine, pourtant elle a influencé une génération entière et continue de le faire parmi la nouvelle génération aujourd’hui avec le suite de Dragon Ball et Dragon Ball Z : Dragon Ball Super.
A noter : entre la série « Z » et « Super », a été créé « Dragon Ball GT » qui n’a pas été dessiné par Akira Toriyama et qui demeure moins considéré par les véritables fans (il s’agit en fait d’une fin alternative à Dragon Ball Z dans le futur – Dragon Ball Super reprend la situation en main).
MON AVIS SUR DRAGON BALL SUPER
Depuis 2015 au Japon et depuis 2017 en France, est diffusée la série Dragon Ball Super qui est d’après moi très réussie, de bien meilleure qualité que Dragon Ball Z, et de niveau égal en ce qui concerne le scénario au premier Dragon Ball.
Pourquoi tant d’éloges de ma part sur cette série que d’aucuns auraient pu croire dépassée, terminée, has-been ?
1/ Parce que Dragon Ball Super est parvenu, miraculeusement, à se renouveler :
Les nouveaux personnages sont complètement ébouriffants : aussi drôles que les personnages du premier Dragon Ball, de nombreux d’entre eux, ennemis au départ, sont tellement bons qu’ils deviennent des amis pour nos héros au fur et à mesure que la série avance.
Les dessins sont bien meilleurs, plus fouillés, plus expressifs.
L’humour, perdu dans Dragon Ball Z qui d’après moi s’est trop focalisé sur les combats, est revenu en force comme dans Dragon Ball, comme lorsqu’on était atterré de voir Olong le cochon pervers amoureux des petites culottes.
L’imagination est comme décuplée après tant d’années d’absence : Akira Toriyama prend manifestement un plaisir infini à faire revivre ses personnages et pour cela, il a compris que la meilleure manière était d’implanter d’autres personnes aussi réussies. A noter : Akira Toriyama écrit le scénario, un autre dessinateur fait le job en s’inspirant du maître.
2/ Parce que tous les ingrédients et les personnages initiaux sont de retour
Il ne manque personne. Tous les personnages initiaux sont de retour, et ils n’ont rien oublié de leur passé :
- C18 est toujours mariée à Krilin
- Vegeta est toujours marié à Bulma et cache toujours son attachement sous des airs taciturnes
- Son Goku est encore plus naïf qu’à ses débuts
- Il se fait toujours martyriser par Chichi
- Notre héros est toujours entouré d’une myriade d’enfants, de petits-enfants et d’amis
- Tout en étant le plus fort d’entre tous, il est également un des plus fragile de par son tempérament ingénu
- La propension de Son Goku à rechercher toujours un ennemi plus fort est toujours présente
- … ainsi que la merveilleuse idée d’Akira Toriyama d’inventer de nouveaux tournois mondiaux toujours plus dangereux pour l’humanité

Autre originalité de Dragon Ball Super : l’absence de manichéisme. Même Son Goku devient presque le méchant de l’histoire puisqu’à cause de sa demande au roi des dieux, un tournoi à la dimension des univers est organisé, pour lequel la punition est la destruction pure et simple des univers les plus faibles.
Son Goku auteur d’un crime contre l’humanité : oui, c’est bien ça, mais qui l’eût cru ?
3/ Parce que les méchants et autres nouveaux personnages sont très réussis
Ce troisième point que j’évoque me parait primordial : non seulement nous avons le plaisir de retrouver ceux que nous connaissons, mais en plus nous avons le plaisir de découvrir d’autres personnages très réussis.
- Esthétiquement : Akira Toriyama leur donne une esthétique parfaite mais différente à chaque fois (Beerus et son jumeaux sont excellents, les anges qui les protègent sont une trouvaille divine, Zeno le roi des univers sous des allures d’enfant est à tomber par terre).
- Psychologiquement : Ces personnages ont leur identité propre et ne sont pas manichéens (je pense par exemple à Beerus qu’il est difficile de cerner / vous avez remarqué que j’adore Beerus, peut-être parce qu’il ressemble à un chat, même son nom m’amuse).
Encore un personnage à l’apparence gargantuesque dans DB Super :
Leur origine est variée, mais encore une fois dans Dragon Ball Super, le monde des dieux et des rois des dieux devient encore plus accessible. Les univers et les multivers alternatifs s’enchaînent, jusqu’à ce que l’on se demande : « jusqu’où nous transportera-t-il ? ».
La notion de plaisir dans Dragon Ball
Les monstres, les méchants, la mort, les difficultés n’ont jamais épargné nos héros dans Dragon Ball, et cependant on ressort toujours du visionnage de ces épisodes avec un sentiment de joie et de gaieté. Pourquoi ? Parce qu’il y a une notion de plaisir qui reste toujours présente en filigrane.
- Dans Dragon Ball initial, les clins d’oeil pervers étaient très présents
- L’humour
- Et la joie de découvrir des êtres extravagants (animaux étranges parfois totalement inventés, dragons, dinosaures, monstres cornus sortis de nulle part, guerriers intergalactiques, dieux issus de planètes éloignées)
Un dragon dans le 1er épisode du Dragon Ball initial :
Dans Dragon Ball Super, un autre plaisir apparaît quasiment à chaque épisode : le plaisir de la bouche avec la nourriture. Les plus grand dieux sont tellement puissants qu’il ne leur reste que peu de plaisirs pour se défaire de l’ennui qui les ronge. De ce fait, des petits plaisirs tout simples apparaissent à leurs yeux comme d’énormes satisfactions extatiques. Je veux parler de la nourriture. Pour un dieu qui ne cuisine pas et qui se trouve sur une planète éloignée de la Terre, la nourriture terrestre apparaît comme une source de plaisirs variée et infinie. C’est ainsi que nous assistons à des scènes de repas gargantuesques, très colorés, très vivants, nous rappelant que malgré notre identité, notre puissance et notre influence, nous restons des êtres vivants abordables et corruptibles.
Dragon Ball : une oeuvre d’Heroïc-Fantasy ?
A bien des égards, je dois le dire, Dragon Ball me fait penser à mon roman de light-fantasy Lintulinda. La light-fantasy étant une branche de la Fantasy, j’en viens à la conclusion que cet anime a sa place dans le genre Heroïc-Fantasy, genre issu entre autres des romans de Robert E. Howard (Conan).
Mon roman met en scène un garçon issu d’une autre planète, humanoïde, non conscient de son pouvoir qui dépasse de loin toutes les connaissances des hommes, même celles de leurs mages.
Dans Dragon Ball, Son Goku vient lui aussi d’une autre planète, demeure tout aussi naïf et reste doté de pouvoirs bien supérieurs à ceux des autres.
Dans les deux cas, la Terre où se situe la narration est alternative à celle que nous connaissons. Les humains qui la peuplent sont bien les mêmes, mais ils sont mis en situation avec d’autres créatures bien différentes et l’environnement est plus sauvage que celui que nous connaissons.
Si Lintulinda est une oeuvre de Fantasy, alors Dragon Ball aussi.
En tout cas, je vous invite à vous plonger dans Dragon Ball depuis les tout premiers épisodes si vous en avez le loisir (bien sûr dans sa version HD non censurée si vous le pouvez), et surtout à jeter un oeil sur la récente série « DB Super » (ici sa fiche sur Animeka, encyclopédie francophone de l’animation).
Bonus : les # séries Dragon Ball (1986 – 2017)
- 1986 : Dragon Ball
- 1989 : Dragon Ball Z
- 1996 : Dragon Ball GT
- 2009 : Dragon Ball Z Kai
- 2014 : Dragon Ball Z Kai The Final Chapters
- 2015 (toujours en cours) : Dragon Ball Super